Introduction
La Sema est un rituel spirituel profond qui perdure depuis des siècles. Émergée initialement comme une forme de dévotion individuelle, la Sema permettait aux derviches d'exprimer leur amour et leur dévouement envers Dieu, et a progressivement évolué en un rituel social et culturel. Dans cet article, nous répondrons à des questions fondamentales telles que "Qu'est-ce que la Sema ?", "Comment est-elle pratiquée ?" et "Pourquoi est-elle si importante ?", tout en explorant l’évolution de la Sema depuis l’époque de Mevlana jusqu’à nos jours.
Qu'est-ce que la Sema et pourquoi est-elle pratiquée ?
Le mot "Sema" signifie littéralement "entendre" ou "écouter". Dans la tradition Mevlevi, cependant, la Sema est une forme de culte où les derviches expriment leur amour pour Dieu par la musique, les paroles et la rotation. En tant que pratique soufie, la Sema reflète le désir de l'homme de s'unir à Dieu. À travers ce rituel, les derviches expriment leur dévotion à Dieu, cherchant à se détacher de tous les liens terrestres pour se tourner exclusivement vers Dieu. La Sema symbolise également l’existence et le mouvement perpétuel de la création ; comme l'a dit Mevlana, tous les êtres sont dans un état de rotation continue devant Dieu, et la Sema est la participation consciente de l'homme à cet acte de dévotion divine.
Pendant la Sema, les derviches tournent une main tournée vers le haut (pour recevoir de Dieu) et l'autre vers le bas (pour transmettre au monde). Cette rotation symbolise une purification spirituelle et un chemin de soumission à Dieu. Les derviches tournent jusqu'à ce qu'ils se perdent dans l'amour divin, entrant dans un état d'extase accompagné de musique et de chants. La Sema exprime le parcours des derviches dans leur quête de Dieu au cours de leur voyage terrestre.
La Sema au temps de Mevlana
À l'époque de Mevlana, la Sema était bien éloignée du rituel formel et organisé que nous connaissons aujourd'hui. À cette époque, la Sema n’était pas régie par des règles strictes, mais représentait plutôt une extase spirituelle, un élan d'amour intérieur. Après avoir rencontré Şems-i Tebrizi, Mevlana intégra la Sema dans sa vie et commença à la pratiquer avec ferveur. Après la mort de Şems, son intérêt pour la Sema s’accrut encore, et cette pratique devint pour Mevlana un moyen de se rapprocher de Dieu.
À l'époque de Mevlana, la Sema n'était liée à aucun lieu de culte spécifique. Les derviches commençaient souvent spontanément à tourner - après les repas, pendant les conversations ou même en marchant dans la rue. Ces Semas étaient le plus souvent pratiquées individuellement, sans rituel ni séquence formelle, faisant de la Sema une expression libre de la dévotion intérieure. Les invités et autres derviches étaient invités à participer, et leur parcours spirituel était respecté. La tolérance de Mevlana pour un derviche chrétien qui souhaitait rejoindre la Sema témoigne également de l'ouverture du rituel à tous.
Avec le temps, la Sema est progressivement devenue une forme d'adoration plus formelle et collective. Il convient toutefois de se rappeler que Mevlana considérait la Sema non pas comme un ensemble de règles, mais comme une expérience spirituelle. À cette époque, la Sema était l’expression de l’amour des derviches pour Dieu et conservait donc une forme libre.
La Sema aujourd'hui : L'évolution de la tradition Mevlevie
Après la mort de Mevlana, les cérémonies de Sema ont progressivement pris la forme ritualisée que nous connaissons aujourd'hui. En 1460, lorsque Pir Adil Çelebi devint le chef de l’ordre Mevlevi, il établit une structure spécifique pour la Sema, en faisant un acte collectif de culte. À partir de ce moment, la Sema commença à être pratiquée sous forme cérémonielle dans des bâtiments spéciaux appelés "semahane".
Cette nouvelle disposition introduisit une cérémonie formalisée où les derviches commencent le rituel en effectuant trois tours autour de l’espace en « salât ». Ils montrent leur respect au cheikh en s’inclinant devant lui, puis retirent leurs manteaux pour participer à la Sema. En tournant, une main est orientée vers le haut, recevant de Dieu, tandis que l’autre est tournée vers le bas, transmettant des bénédictions au monde. Des instruments comme le ney et le kudüm (des tambours traditionnels) sont utilisés pour aider les derviches à entrer dans un état d'extase. Avec cette structure, la Sema est devenue plus organisée et cérémonielle.
Aujourd'hui, la Sema n'est pas seulement une pratique religieuse exclusive à l'ordre Mevlevi, mais elle est également pratiquée comme un événement culturel. Chaque année, des milliers de personnes se rassemblent à Konya pour assister aux cérémonies de Sema lors des cérémonies de commémoration de Mevlana. Aujourd'hui, la Sema continue de vivre en tant qu'acte de dévotion dans l'ordre Mevlevi et en tant que trésor culturel reconnu dans le monde entier.
Conclusion
Depuis des siècles, la Sema perdure comme une ancienne forme de culte, les derviches tournant dans l'amour divin, exprimant la dévotion et la soumission en eux. Alors que ce rituel était une expression d'extase intérieure à l'époque de Mevlana, il a depuis été institutionnalisé, prenant une structure formalisée. Aujourd'hui, la Sema est pratiquée à la fois comme un acte religieux et comme un patrimoine culturel suscitant un grand intérêt. La Sema n'est pas simplement une rotation; c'est un chemin de soumission à Dieu et d'amour divin. Comme l'a dit Mevlana : "C'est la nourriture des amoureux, car dans la Sema, il y a l'espoir de se retrouver avec le Bien-Aimé, avec Dieu."
